EXAMEN REGIONAL 2008
TEXTE
C'est aujourd'hui qu'on ferre les forçats qui doivent partir demain pour Toulon.
( ... ) Le guichetier prit les précautions d'usage pour s'assurer de moi, puis me conduisit dans une petite cellule vide, et absolument démeublée, qui avait une fenêtre grillée, mais une véritable fenêtre à hauteur d'appui, et à travers laquelle on apercevait réellement le ciel.
- Tenez, me dit-il, d'ici vous verrez et vous entendrez. Vous serez seul dans votre loge comme le roi. Puis il sortit et referma sur moi serrures. Cadenas et verrous.
La fenêtre donnait sur une cour carrée assez vaste, et autour de laquelle s'élevait des quatre côtés, comme une muraille, un grand bâtiment de pierre de six étages. Rien de plus dégradé, de plus nu, de plus misérable à l'oeil que cette quadruple façade percée d'une multitude de fenêtres grillées auxquelles se tenaient collés, du bas en haut, une foule de visages maigres et blêmes, pressés les uns au-dessus des autres, comme les pierres d'un mur et tous pour ainsi dire encadrés dans les entrecroisements des barreaux de fer. C'étaient les prisonniers, spectateurs de la cérémonie en attendant leur jour d'être acteurs. On eût dit des âmes en peine aux soupiraux du purgatoire qui donnent sur l'enfer.
Tous regardaient en silence la cour vide encore. Ils attendaient. Parmi ces figures éteintes et mornes, ça et là, brillaient quelques yeux perçants et vifs comme des points de feu.
( ... ) Midi sonna. Une grande porte cochère, cachée sous un enfoncement s'ouvrit brusquement; une charrette, escortée d'espèces de soldats sales et honteux, en uniformes bleus, épaulettes rouges et à bandoulières jaunes, entra lourdement dans la cour avec un bruit de ferraille. C'était la chiourme et les chaines.
Au même instant, comme si ce bruit réveillait tout le bruit de la prison, les spectateurs des fenêtres, jusqu'alors silencieux et immobiles éclatèrent en cris de joie, en chansons, en menaces en imprécations mêlées d'éclats de rire poignants à entendre. On eût cru voir des masques de démons. Sur chaque visage parut une grimace; tous les poings sortirent des barreaux, toutes les voix hurlèrent, tous les yeux flamboyèrent, et je fus épouvanté de voir tant d'étincelles reparaître dans cette cendre.
Cependant les argousins, parmi lesquels on distinguait à leurs vêtements propres et à leur effroi, quelques curieux venus de Paris, les argousins se mirent tranquillement à leur besogne. L'un d'eux monta sur la charrette et jeta à ses camarades les chaînes, les colliers de voyage, et les liasses de pantalons de toile. Alors ils se dépecèrent le travail; les uns allèrent étendre dans un coin de la cour les longues chaînes qu'ils nommaient dans leur argot les ficelles ; les autres déployèrent sur le pavé les taffetas, les chemises et les pantalons; tandis que les plus sagaces examinaient un à un, sous l'oeil de leur capitaine, petit vieillard trapu, les carcans de fer qu'ils éprouvaient ensuite en les faisant étinceler sur le pavé.
Questions
I. COMPRÉHENSION: (10 pts)
1) Recopiez et complétez le tableau suivant en cochant les cases correspondantes: (1 point) (Référez-vous à l'oeuvre d'où est extrait ce passage).
vrai faux
Tel qu’il se présente dans l’oeuvre, le narrateur est : Analphabète
Célibataire
Discipliné
Croyant
2) À la suite de quel événement se situe ce texte? (Référez-vous à l'oeuvre d'où est extrait ce passage) (1 point).
3) Le narrateur est à Bicêtre.
a. À quelle scène va-t-il assister?
b. À partir de quel endroit y assiste-t-il ?
c. Qui d'autre que lui en est témoin? (1,5 point).
4) Dans le 5ème paragraphe («la fenêtre donnait ... sur l'enfer»), les prisonniers sont décrits comme étant marqués physiquement.
a. Relevez dans ce paragraphe deux adjectifs qui le montrent.
b. À quoi l'aspect des prisonniers fait-il penser? (1 point).
5) Relisez le 5ème paragraphe.
a. Sur quel espace la description porte-t-elle essentiellement dans ce passage?
b. Relevez une comparaison et une hyperbole mises au service de cette description.
c. De cette description se dégagent certaines impressions. Citez-en deux.(1,5 p)
6) Relevez dans le texte quatre indices montrant le renforcement des mesures de sécurité dans les cellules. (1 point)
7) À l'entrée des soldats dans la cour, les prisonniers réagissent différemment.
Relevez dans le texte trois expressions qui le montrent. (1,5 point)
8) Observez la réplique du gardien: " Vous serez seul dans votre loge comme le roi."
À quel registre (tonalité) renvoie cette réplique? (0,5 point).
9) a). Quel sentiment le narrateur éprouve-t-il face à ce qu'il décrit?
b). Justifiez votre réponse par une phrase du texte. (1 point)
II. PRODUCTION ECRITE: (10 points)
Sujet
La mode conduit parfois les jeunes à s'habiller ou à se coiffer de manière bizarre: piercing, tatouage, cheveux hérissés, pantalons rapiécés ...
Vous sentez-vous concerné(e) par cette tendance ?
Dans un texte d'une vingtaine de lignes, vous préciserez votre point de vue en l'appuyant à l'aide d'arguments pertinents et d'exemples tirés de votre expérience personnelle.